Concept sylvicole d'intervention

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Pour rappel (cf. Planification sylvicole), un concept sylvicole consiste à définir d’un point de vue avant tout biologique, mais aussi technique (=>faisabilité) et économique (=>rentabilité), comment influencer la dynamique des peuplements dans le but de concrétiser de manière efficiente la stratégie sylvicole et les principes de gestion. Un concept doit être cohérent. Les effets des mesures à entreprendre qui en découlent ne doivent pas s’annuler, mais au contraire s’amplifier ou tout du moins se compléter. Un concept doit aussi définir les bases nécessaires pour assurer une bonne coordination des mesures dont la mise en œuvre peut avoir des conséquences sur celles à entreprendre dans d’autres peuplements.

Un concept est constitué d’un ensemble de guides de portée générale qui servent à déterminer les moments opportuns pour intervenir dans l’existence des différents peuplements, ainsi que les modalités de ces interventions. Un moment opportun correspond à une étape déterminée du développement des peuplements qui peut par exemple être caractérisée par le diamètre dominant (ddom). L’urgence d’une intervention dans un peuplement correspond au laps de temps entre le moment présent et le moment opportun pour effectuer l’intervention. L'unité temporelle pour le calcul de ce laps de temps est à déterminer selon la précision recherchée en considération de la dynamique de croissance des peuplements et du type d'intervention à entreprendre, en particulier du but recherché et de la phase de développement adéquate pour l’atteindre. Par exemple, il n’est pas nécessaire d’un point de vue sylvicole de déterminer l’année exacte de l’engagement d’un rajeunissement dans un peuplement. Il suffit de déterminer dans quelle période de planification cet engagement doit avoir lieu (cf. Statut et urgence de rajeunissement). Par contre, il est important d’être plus précis pour ce qui est des éclaircies. Il n’est cependant pas nécessaire non plus de les prévoir à l’année près. A chaque unité temporelle correspond une période d'intervention. Par période d’intervention, il faut comprendre la période pendant laquelle une intervention peut être souhaitée. Le Tab. 15 90 représente une proposition pour la durée de cette période selon les stades de développement. Une période de planification est ainsi décomposée en plusieurs périodes d’intervention, hormis dans le cas de la vieille futaie (une période d’intervention correspond à une période de planification).

stade de développement ddom [cm] durée d’une période d’intervention [année]
recrû 0 1
fourré <10 2
perchis <30 3
jeune et moyenne futaie <50 5
vieille futaie >=50 10

Tab. 15 Durée d’une période d’intervention selon les stades de développement

Le degré d'urgence d'une intervention correspond à la période d'intervention dans laquelle le moment opportun se situe. Une intervention prévue dans 8 ans dans un peuplement a un degré d'urgence de 3 (=>3ème période d'intervention) si la durée d’une période d’intervention est de 3 ans ou de 1 si elle est de 10 ans (=>1ère période d'intervention). Le degré d'urgence est nul (égal à 0) pour la période d’intervention qui vient de se terminer et négatif pour les précédentes.

La marge de manœuvre à disposition, synonyme de flexibilité, est importante pour le système de production technique, d’une part pour la vente des grumes en considération de la situation du marché et d’autre part pour l’organisation des interventions à court terme <ref> Il s’agit de pouvoir exercer d’une part une option économique intéressante qui risque de ne pas se reproduire dans des conditions aussi avantageuses et d’autre part de la possibilité de concentrer les interventions dans l’espace et le temps afin de diminuer les coûts d’exploitation.</ref>. A signaler qu'une unité temporelle large représente en soi un degré de flexibilité supplémentaire pour la détermination des interventions à court terme. Le degré d’urgence et la marge de manœuvre à disposition servent à la détermination du niveau de priorité d'une intervention selon le schéma présenté dans le Tab. 16 infra. Le niveau de priorité se rapporte à la première période d'intervention. Cette notion est très importante pour le système de production technique. Elle a été développée en collaboration avec Riechsteiner (2005) <ref>RIECHSTEINER, D. 2005: Konzeption einer integrierten IT-gestützten Planung zur Unterstützung des Managements moderner Forstbetriebe. Zwischenbericht. Dissertation im Rahmen des WSL-Programmes "Management einer zukunftsfähigen Waldnutzung". Eidg. Forschungsanstalt für Wald, Schnee und Landschaft, Birmensdorf.</ref>.

niveau de priorité degré d'urgence marge de manoeuvre
nécessaire inférieur ou égale à 1 n'inclut pas une période d'intervention supérieure à 1
souhaitable inférieure ou égale à 1 inclut une période d'intervention supérieure à 1
possible supérieur à 1 inclut une période d'intervention égale ou supérieure à 1

Tab. 16 Définition des niveaux de priorité des interventions pour la première période d'intervention

Plusieurs exemples de détermination du niveau de priorités sont présentés dans la Fig. 55 infra.

Fig55.png

Fig. 55 Exemples de niveaux de priorité d'intervention selon le degré d'urgence et la marge de manœuvre à disposition

La mise en œuvre des mesures qui ont déjà dépassé leur moment opportun (‘souhaitable’) est prioritaire par rapport à la réalisation des mesures qui ne l’ont pas encore atteint (‘possible’), ceci afin de diminuer la prise de risque que représente une intervention ajournée. Les diamètres des arbres exploités sont aussi plus grands, ce qui diminue généralement les coûts de leur exploitation.

Les modalités d’une intervention consistent à décrire le type d’intervention, de définir son intensité et de mettre en évidence de possibles contraintes conséquentes aux effets d'une zone d'intervention sur son voisinage <ref>La fructification représente aussi une contrainte, puisque cet événement doit être pris en considération pour le rajeunissement de certaines essences telles que le chêne ou le hêtre. Gruber (2003) a développé un modèle qui permet de prévoir une fructification pour le hêtre à court terme (une à deux années) qui se base sur les données climatiques des deux années précédentes. Attendu qu’il n’est pas possible de prévoir l’occurrence d’une fructification sur plusieurs années, cette contrainte est à prendre en compte lors de la détermination par le système technique des interventions à effectuer annuellement.</ref>. Ces contraintes peuvent représenter la nécessité d’intervenir rapidement dans un peuplement en considération des conséquences d’une intervention effectuée dans un peuplement voisin ou de conditionner la mise en œuvre d’une mesure dans un peuplement à une intervention préalable dans un peuplement voisin. Les guides d’intervention sont à mettre en relation avec les guides stratégiques. Les premiers servent à assurer la réalisation des objectifs d’étapes des peuplements déterminés sur la base des seconds. Pour rappel, les guides stratégiques servent à définir au niveau des peuplements les caractéristiques à atteindre à un stade de développement déterminé, dans un contexte particulier. A signaler que la détermination des peuplements de types particuliers se fait sur la base des recommandations des guides de façonnement des peuplements et précède ainsi l’application des concepts sylvicoles d’intervention (cf. Guide pour le façonnement des peuplements et de la mosaïque qu'ils composent). La prise de risque est un aspect important à considérer dans l’élaboration des guides. Elle est à mettre en relation de manière générale avec la stabilité des peuplements et de manière spécifique avec la possibilité de n’atteindre que partiellement ou pas du tout les objectifs fixés au niveau des peuplements. En particulier, des interventions peu fréquentes dans l’existence d’un peuplement représentent autant d’occasions en moins pour diriger sa dynamique et des interventions de trop faible intensité risquent de ne pas suffire pour diriger cette dynamique dans la direction souhaitée. Les risques exogènes aux peuplements, tels que leur exposition à des coups de vent de part la topographie, sont à mettre en évidence.

Un concept d’intervention est à élaborer pour chaque régime sylvicole. Si l’application de différents concepts d'intervention pour un même type de régime est souhaitée, l'unité de traitement concernée est à subdiviser en unités de traitement particulier. Pour être de portée générale, un concept doit offrir une réponse satisfaisante à tous les cas de figures possibles d’un périmètre forestier. Pour ce faire, il doit se baser sur les caractéristiques des peuplements (=>unité d’intervention) en considération desquelles la manière d’influencer la dynamique forestière peut être déterminée afin d’atteindre les objectifs fixés. Les unités phytosociologiques, les essences, les régimes sylvicoles et les phases de développement des peuplements représentent de telles caractéristiques. Dans cette perspective, un concept peut être aussi appliqué dans d’autres périmètres forestiers présentant des conditions de croissance et des objectifs sylvicoles similaires. L’application d’un nouveau concept ne peut pas se faire directement dans des peuplements qui ont été traités d’une manière différente jusqu’à présent. L’élaboration d’un concept de transition peut se révéler nécessaire. Il détermine les mesures à entreprendre de manière à se retrouver dans la logique du nouveau concept. Le degré de détail des concepts peut être grossier dans un premier temps, puis s’affiner selon les besoins par la suite. Un concept peut être tout d’abord élaboré selon les catégories d’essences et d’unités phytosociologiques proposées dans l’analyse (cf. Concept du WIS.2: analyse sylvicole), pour ensuite spécifier certains aspects tels la sylviculture particulière propre à une essence rare.

Voir aussi

Références et notes

<references/>