Résumé (Français)

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Les progrès conséquents de l’informatique durant ces dernières années ouvrent de nouvelles perspectives pour la gestion sylvicole et offrent, par là-même, l’occasion de repenser ce système de gestion dans son ensemble. En particulier, les capacités de mémoire et de calcul, conjugués à la disponibilité de logiciels très performants pour le traitement de l’information, offrent la possibilité de considérer un écosystème forestier dans toute sa diversité et selon différentes échelles spatiales et temporelles. De plus, la possibilité d’adapter certains de ces logiciels relativement aisément par la programmation de fonctionnalités supplémentaires et par la création d’une interface utilisateur interactive et conviviale permet de développer des instruments de gestion des écosystèmes forestiers performants. Le résultat de cette thèse de doctorat est le WIS.2 : un instrument informatique pour une gestion sylvicole efficiente et ciblée, durable, proche de la nature et multifonctionnelle. Ciblée dans le sens où elle a pour objectif de répondre aux attentes des propriétaires forestiers et de la société, plus particulièrement de réaliser la stratégie d’entreprise <ref> Une entreprise forestière est comprise comme l’entité organisationnelle pour la gestion (biologique, technique et économique) d’un périmètre forestier.</ref> dans laquelle sont définis les produits forestiers désirés. Durable dans le sens de conserver la productivité des sols et d’atteindre un certain équilibre démographique d’une population d’arbres stable et diversifiée, tant par leurs caractéristiques propres que par les structures qu’ils forment par regroupement. Cette notion de diversité doit être mise en relation avec le principe de répartition des risques et d’adaptabilité. Proche de la nature dans le sens d’intervenir aussi peu que possible pour influencer la dynamique forestière de manière à atteindre les objectifs fixés. Multifonctionnelle dans le sens de pouvoir produire sur une même surface plusieurs biens et services forestiers. Efficiente dans le sens de mettre en valeur les potentialités des stations et du boisement au moyen d’interventions qui se produisent au bon endroit et au bon moment avec un minimum d’efforts (=> proche de la nature) pour des effets multiples (=> multifonctionnalité, répartition des risques).

La gestion des écosystèmes forestiers nécessite de considérer différentes échelles spatiales de manière à pouvoir exploiter et façonner un écosystème forestier dans son ensemble, au travers des peuplements qui représentent l’unité de base de la perception et de la gestion forestières. A cette dimension spatiale s’ajoute la dimension temporelle. La lente croissance des arbres et leur grande longévité font que la volonté de diriger l’évolution de ces systèmes nécessite de tenir compte simultanément des horizons à court, moyen et à long terme. L’approche libérale et pragmatique de la sylviculture qui prévaut en Suisse implique de déterminer aussi peu de contraintes que possible dans le cadre de la planification, de manière à disposer d’une marge de manœuvre aussi grande que possible sur le terrain. Cette marge de manœuvre est aussi importante afin de concilier les contingences du court terme (=> évolution du marché) avec les objectifs fixés à long terme. Cette condition et la volonté de procéder à une gestion multiscalaire impliquent une approche procédant par effet de zoom, en partant d’un périmètre forestier dans son ensemble et d’une vision à très long terme (=> intérêts publiques, stratégie d’entreprise) pour aboutir à la détermination et à la description des mesures sylvicoles devant être entreprises à court et à moyen terme au niveau des peuplements. Cet effet de zoom est rendu possible grâce à une description pertinente de chaque peuplement, non pas avec des données mesurées, mais avec des données estimées, semi-quantitatives. Ces données peuvent être agrégées de manière à caractériser des étendues plus ou moins grandes de la mosaïque que forment ces peuplements.

Afin de structurer la complexité d’un tel système, la notion de tâche de gestion est très utile. Elle se rapporte à un problème clairement délimité de la gestion, pour la résolution duquel une décision est à prendre. Elle définit les compétences et les ressources (information, savoir, méthode) nécessaires pour ce faire. La gestion sylvicole est considérée comme une tâche pour laquelle des sous-tâches sont définies de manière récursive selon l’effet de zoom recherché. Cette manière de procéder permet de gérer la complexité de la gestion sylvicole par étapes successives en se concentrant à chaque fois sur l’essentiel, tout en limitant et en précisant la marge de manoeuvre décisionnelle pour les étapes suivantes. L’organisation des tâches de gestion est reprise pour l’articulation de l’interface utilisateur du WIS.2. L’usager peut ainsi se déplacer librement dans le processus décisionnel de la gestion sylvicole tout en en conservant une vue d’ensemble. Il dispose des ressources nécessaires pour la prise de ses décisions : il peut préciser sa marge de manœuvre et tester différentes variantes au moyen de la simulation. L’organisation des tâches de gestion selon la considération multiscalaire d’un périmètre forestier met en évidence leurs interactions, si bien que les tâches concernées par la modification de l’une d’entre elles sont facilement reconnaissables et peuvent être individuellement adaptées selon l’ordre établi. Cette mise en évidence permet de pratiquer une gestion dynamique, en constante évolution avec son environnement pour rester pertinente. Ce dynamisme est grandement facilité par l’utilisation de l’informatique. Le WIS.2 est un système d’aide à la décision composé de plusieurs applications qui représentent chacune un domaine particulier de la gestion d’un périmètre forestier, en particulier :

  • analyse sylvicole : se familiariser avec un périmètre forestier et reconnaître ses particularités, ainsi que les possibilités et les limites de l’action sylvicole.
  • produits forestiers : décrire, mettre en évidence et en valeur les fonctions forestières possibles susceptibles de représenter un intérêt publique (=> diversité et densité de l’utilité que représente la forêt), économique (=> produit forestier).
  • stratégie sylvicole : concrétiser la stratégie d’entreprise en déterminant un état cible de l’écosystème forestier qui doit assurer la mise à disposition durable et, dans la mesure du possible combinée (multifonctionnalité), des produits forestiers désirés selon les principes de gestion.
  • planification du rajeunissement, planification des soins et des éclaircies : réalisation de la stratégie sylvicole par la détermination à moyen terme des mesures de rajeunissement et d’éclaircies au niveau des peuplements sur la base d’un concept sylvicole d’intervention.

Deux éléments charnières assurent le caractère intégré du système, à savoir les profils et les guides sylvicoles. Les profils sylvicoles servent à définir les caractéristiques des écosystèmes forestiers nécessaires à la réalisation de chaque produit stratégique. Ils représentent ainsi un lien entre l’analyse et la stratégie sylvicole et servent de justification à l’action sylvicole. Les guides sylvicoles servent à préciser l’état cible souhaité (guides stratégiques), mais aussi à définir la manière de mettre en œuvre la stratégie sylvicole (guides d’intervention). Les besoins d’interventions au niveau des peuplements à court et à moyen terme (objectifs d’étapes, urgence, priorité et modalités) sont déduits de ces guides. Ces besoins peuvent être à nouveau générés après une actualisation de tout ou partie du boisement et/ou de la planification. De part leur portée générale, les profils sylvicoles et les guides d’intervention peuvent être regroupés dans des catalogues mis à la disposition des gestionnaires sylvicoles.

Le WIS.2 est un prototype développé pour le Plateau suisse et le système de la coupe progressive. Grâce à sa modularité, il est possible d’étendre son domaine d’application à d’autres régions et à d’autres systèmes sylvicoles. Le WIS.2 est basé sur la banque de données relationnelle Access de Microsoft et le système d’information géographique ArcGIS d’ESRI. L’interface utilisateur est créée de telle manière à ce que l’usager n’ait pas besoins de connaissances particulières concernant ces logiciels. Il peut donc se concentrer sur la résolution des problèmes de gestion.

Notes et références

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