Gestion sylvicole des écosystèmes forestiers

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Sylviculture: Défintion

La pratique de la sylviculture est exigeante compte tenu de la volonté d’intervenir dans la dynamique d’écosystèmes forestiers complexes et dominés largement par les forces de la nature. Schütz (1990, en s’inspirant de Leibundgut, 1987), définit la sylviculture par „l’art d’appliquer des techniques fondées sur des bases scientifiques biologiques dans le dessein de contrôler le développement naturel des forêts et de guider leur évolution dans la direction voulue, au bon moment et de façon rationnelle, et finalement d’en conserver les forces productrices naturelles.“

Contrôler et guider les systèmes forestiers

La volonté de contrôler et de guider les écosystèmes forestiers a pour but de satisfaire aux attentes des propriétaires forestiers et à celles de la société. Compte tenu du caractère multifonctionnel intrinsèque aux écosystèmes forestiers, ces attentes sont multiples (p. ex. les produits ligneux, la protection contre les dangers naturels, la conservation de la nature ou encore le délassement). Le contrôle des écosystèmes forestiers n’est pas évident en considération des grands espaces qu’ils occupent et de leur grande hétérogénéité (multitudes des conditions stationnelles et diversité du boisement). De plus, ce contrôle doit s’effectuer à différentes échelles selon les objectifs fixés, par exemple au niveau d’un arbre s’il héberge une population unique de lichens, au niveau du peuplement pour la production de bois, au niveau de l’entreprise forestière pour s’assurer de la durabilité de cette production, ou encore au niveau des régions, des pays pour la conservation de la nature. Cette considération multiscalaire est aussi importante lorsqu’il s’agit de diriger l’évolution des écosystèmes forestiers. Elle est une condition nécessaire pour fixer les priorités d’interventions. A cette dimension spatiale s’ajoute la dimension temporelle. La lente croissance des arbres et leur grande longévité font que la volonté de diriger l’évolution de ces systèmes nécessite de considérer simultanément des horizons à court, moyen et à long terme. Les principes de gestion durable et de répartition des risques, respectivement d’adaptabilité, prennent dès lors toute leur importance. La sylviculture n’étant pas un système isolé, il convient de prendre en compte son environnement.

L'action et la stratégie sylvicole

L’action sylvicole s’effectue au niveau des entreprises forestières en considération de leur stratégie élaborée pour assurer à long terme leur survie économique. La stratégie d’entreprise définit en particulier les principes de gestion à mettre en œuvre et les produits forestiers désirés. Cette stratégie peut être influencée par les plans directeurs forestiers au niveau régional <ref>La dénomination de ces plans change selon les cantons. Il est fait mention de ‚Waldentwicklungsplan’, abrégé par WEP, dans les cours d’aménagement forestier à l’EPFZ (BACHMANN, 2002). Ces plans régionaux, prévu dans la législation de tous les cantons suisses, ont pour objectif de mettre en évidence les intérêts publics, de déterminer les fonctions forestières et le contrôle de la durabilité. Ces plans sont seulement contraignants pour l’administration (HORAT et BACHMANN, 2004)</ref> <ref>BACHMANN, P. 2002: Forstliche Planung I/III – Skript für die Lehrveranstaltungen 60-305, GZ der Waldplanung (5. Semester), 60-306, Forstliche Betriebsplanung (6. Semester), 60-307, Waldentwicklungsplanung (7. Semester). Professur Forsteinrichtung und Waldwachstum, ETH Zürich, Zürich.</ref> <ref>HORAT, S.; Bachmann, P. 2004: Stand der überbetrieblichen forstlichen Planung in den Kantonen Ende 2003. Schweiz. Z. Forstwes. 155, 5: 119-124.</ref>. Les interfaces avec le système de production technique sont essentielles à plus d’un titre. Elles permettent de disposer des informations nécessaires pour concevoir l’action sylvicole non seulement du point de vue biologique, mais aussi du point de vue technique (=>faisabilité) et économique (=> rentabilité). De plus, le système de production technique assure la réalisation des mesures sylvicoles. La description de ces mesures doit laisser une marge de manœuvre aussi grande que possible pour engager au mieux les moyens techniques et le personnel pour leur réalisation et pour s’adapter à la situation du marché de manière à valoriser les produits des interventions. Il y a donc une tension entre les contingences du court terme et les intentions à long terme.

L'approche sylvicole suisse

La sylviculture, tel qu’enseignée et pratiquée en Suisse, se veut libérale et pragmatique à l’image du principe de la libre conduite des coupes formulé par Leibundgut (1946, cité par Schütz, 2003d)<ref name="2003d">SCHÜTZ, J.-P. 2003d: Polyvalenter Waldbau – Skript zur Vorlesung Waldbau II. Professur Waldbau, ETH Zürich, Zürich.</ref>. Le sylviculteur est libre de choisir les techniques de rajeunissement qu’il juge adéquates pour chaque situation. Pour faire face aux difficultés économiques présentent depuis les années quatre-vingts et pour répondre aux nouvelles attentes de la société mises en évidence lors du congrès mondial de Rio en 1992, Schütz propose (1997a, 1999a, 1999b, 2003d), <ref>SCHÜTZ, J.-P. 1997a: La sylviculture proche de la nature face au conflit économie-écologie : panacée ou illusion ?. Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 1, 4: 239-247.</ref> <ref>SCHÜTZ, J.-P. 1999a: Close-to-nature silviculture: is this concept compatible with species diversity? Forestry 72, 4: 359-366.</ref> <ref>SCHÜTZ, J.-P. 1999b: Naturnaher Waldbau: gestern, heute, morgen. Schweiz. Z. Forstwes. 150, 12 : 478-483.</ref> <ref name="2003d">SCHÜTZ, J.-P. 2003d: Polyvalenter Waldbau – Skript zur Vorlesung Waldbau II. Professur Waldbau, ETH Zürich, Zürich.</ref> dans le même courant de pensée, une approche situative et polyvalente de la sylviculture. Cette approche est caractérisée par la volonté de se concentrer uniquement sur les éléments d’un peuplement qui représentent un intérêt déclaré, de tenir compte des différences individuelles de potentiel évolutif de ces éléments et de n’intervenir en conséquence que de manière minimale pour atteindre les effets recherchés. La compréhension du sylviculteur de la dynamique forestière et la manière de l’influencer est très importante et mise en valeur. Dans cette perspective, la notion de sylviculture proche de la nature s’applique au niveau des interventions et non pas au niveau d’un état naturel de l’écosystème comme objectif à atteindre. Une intervention doit apporter une valeur ajoutée par rapport à ce que la nature met à disposition gratuitement, non seulement d’un point de vue de la production de bois, mais aussi des autres fonctions. La Fig. 1 infra résume de manière synoptique la complexité de la gestion sylvicole.

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Fig. 1 Complexité de la gestion des écosystèmes forestiers

Cette approche sylvicole très libérale implique de déterminer aussi peu de contraintes que possible dans le cadre de la planification de manière à disposer d’une marge de manœuvre aussi grande que possible pour la réalisation des mesures sylvicoles à entreprendre. Cette condition et la volonté de procéder à une gestion intégrant les différentes échelles implique une approche procédant par effet de zoom, en partant d’un périmètre forestier dans son ensemble et d’une vision à très long terme ( => intérêts publiques, stratégie d’entreprise) pour aboutir à la détermination et la description des mesures à entreprendre à court et moyen terme au niveau des peuplements. Cette manière de procéder permet de gérer la complexité par étapes successives en se concentrant à chaque fois sur l’essentiel tout en limitant et précisant la marge de manoeuvre décisionnelle pour les étapes suivantes.

Notes et références

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